Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
21 octobre 2015 3 21 /10 /octobre /2015 03:30
Welcome on Mars!

Welcome on Mars!

Partir dans le grand Nord, c’est comme prendre une douche froide au réveil. On en prend plein les sens. La bas, a Schefferville, Québec, plein nord, sans un billet de train ou un billet d’avion, ta dernière solution pour repartir vers le sud, c’est de rejoindre un troupeau de Caribou. La route, la piste, le sentier... ça n’existe pas. Heureusement j’avais un billet. Un allé retour même. Récit.

Mes opérations s’étendent jusque dans des contrées éloignées. C’est d’ailleurs ce qui rend ma vie excitante aujourd’hui. J’ai toujours ce plaisir de découvrir la vie des hommes dans des régions inhospitalières. Mardi 4h du matin, je prends le taxi direction l’aérogare d’Air Inuit. Bon déjà, ça envoie de l’autochtone. J’ai hâte. Dans l’avion, des miniers. Pas des nains barbus, mais d’authentiques miniers québécois. Ils vont creuser et exploiter le fer. Alors non et non pour barbe rousse, par contre c’est sandales industrielles et gilets blindés couleur fer oxydé. Sympa, presque sexy. Ah oui, certains passagers sont des indiens d’Inde. Car la seule mine en activité à Schefferville est la propriété du consortium Tata. Donc me voici avec des Inuits qui font voler des miniers sexy pour le compte des Ramesh et autres Ashwin, mais surtout en partance pour le Grand Nord. Ça promet.

Arrivé à Schefferville, la première impression est de s’être fait entuber par le temps. Après avoir passé cinq mois d’été à rôtir, personne ne s’attend au processus violent de la congélation. Fin septembre, première neige. Le premier flocon de neige tombé sur mon pif a blanchit d’une traite ma jolie peau vitaminée. Et paf.

Seconde impression?

Tu sais que très vite tu vas toi aussi évoluer en minier sensuel. Tout est rouge ici. La terre, les automobiles, l’eau, l’air, le soleil… 50 ans d’exploitation du fer, c’est comme si tu tombais en pleine période de menstruation de la mère terre. Sauf qu’elle ne porte pas de tampon. Ca ressemble bien à la planète Mars également. ‘’Houston, WTF, do You copy? I have seen an Indian on Mars.’’

Ville minière d’une demi-douzaine de décennies, la ville abrite 2000 âmes qui vivent exilées de nos standards. La moitié des charmants citoyens sont des Innus de la communauté de Matimekosh. Le guide du routard de Schefferville ne ferait qu’une page : Où dormir? Où boire? Où chasser? Où miner??

La mine et le campement que nous opérons sont à une vingtaine de kilomètres de la ville. La piste sinueuse passe à travers d’anciennes carrières de fer à ciel ouvert. En résulte une impression lunaire, un ‘’no mans land’’ post apocalyptique.

L’usine de raffinage du fer qui est en cours de construction, est protégée du froid hivernal par le "Dome". C’est tout simplement la plus grosse tente d’Amérique du nord. D’une valeur de 50 million de dollars, ce n’est clairement pas une tente décathlon. Pas facile de partir en camping avec le ‘’Dome’’ en tout cas.

Ma première journée sur Mars est assez unique en son genre! Je rencontre mon client, Mishbah, qui mêle l'élégance indienne à la force des épices de son pays. Je découvre mes équipes au campement. Jacques le patron des opérations avec qui j’ai de nombreux points en communs puisque nous avons tous deux travaillés sur les mêmes projets en Algérie, en Indonésie et à Singapour. Un chic type. Il y a également Christian, le chef avec sa bedaine de chef. Belge rastafari, au regard rempli d’amour qui a ouvert un des premiers resto moules frites au Québec il y a 20 ans de ça! Alexandre, le fils de mon ami Ziad le libanais... une jeune recrue qui me demande déjà de l’envoyer à Hong Kong! Et bien sûr il y a les hommes et les femmes de mon équipe martienne. J’ai de la chance. Elle est incroyable! 70% de la main d’œuvre est autochtone, Innu, Montagnais ou Naskapi. Les 30% restants sont des mercenaires... des hommes qui bravent la solitude... loin des leurs, au travail dans une terre inhospitalière...

Je termine cette journée dans la villa louée par les indiens, en ville, loin du campement. Ils fêtent l’accomplissement d’un des nombreux objectifs du projet. Au menu, daahl, nan et chappattis. Je fais le service... ‘’Thank you sir’’!

Seconde journée au galop, me voilà déjà dans la salle du Conseil de Bande de Matimekosh. Nous attendons le chef de la communauté Innu: Real Mckensie, qui est mon partenaire autochtone. On ne travaille pas sur le territoire des Innus, encore moins dans l’exploitation de leurs ressources naturelles, sans avoir au préalable tissé de solides liens et négocier des termes qui bénéficieront a la communauté. ... Stature de fer, voyou de la politique, Real est le genre de personnage qui te plante une flèche dans le cul le jour où tu gaffes. Au moins avec lui, ça file droit. Revues de ses attentes: Il veut qu’on prenne bien soin de nos employés Innus et si possible qu’on augmente l’employabilité autochtone! Chef oui chef!

On rentre au campement. Grosse journée de travail. On se retrouve à table avec Jacques et Christian. On parle de nos femmes. De celles qu’on a aimées. Ça fait du bien de s’ouvrir aux autres.

Troisième jour, visite de la méga tente décathlon. A l’intérieur, pas de réchaud, pas de sac de couchage. Mais bien une ligne moderne de purification du fer. On dirait une grande chimere mécanique qui se nourrirait de terre! Son ventre est à ciel ouvert: Tapis vrombissant, puis gravitationnel, extracteur magnétique, bassin de sédimentation, génératrice avec système de récupération de la chaleur... Le patron de la construction est mon guide. C’est fabuleux et fascinant de voir toute cette ingéniosité au milieu de la toundra!

Juste avant mon départ, un feux se déclare dans la cuisine... comme si cet univers si singulier me préparait déjà à l’urgence de ma prochaine visite. Chef Mckensie, je reviens bientôt. Il y a beaucoup de choses à découvrir et à faire sur Mars!

Le fameux ''Dome''!

Le fameux ''Dome''!

La nature y est industriellement sauvage !
La nature y est industriellement sauvage !

La nature y est industriellement sauvage !

Partager cet article
Repost0

commentaires