Ha bordel il est gros ce poisson!

 J ai eu la frousse de ma vie. C était vraiment une belle expérience. Plonger avec le seigneur de la mer, le requin blanc.

Pour planter le décor il suffit de peindre les mots suivant sur cette page :

Nous sommes en Afrique du Sud, il faut d abord parcourir les 3 heures de route qui sépare Cape Town de la localité de Gansbaai bordant l océan Indien. Cette route nous immerge immédiatement dans une atmosphère lourde et inquiétante. En effet, il faut parcourir les premiers 18 kilomètres de bidons villes qui encerclent la majestueuse Table Mountain. Terrible impression que de voir ces infinis baraquements en taules abriter une population pauvre, démunie, mise de cote, au bord même de l asphyxie. Puis c est au tour de la nature de marquer le contraste entre le précédent océan humain décrépi et cette folle identité vierge des plateaux et autres plaines. La route passe donc d un carton rouge à un carton rose. Le regard se plisse de honte puis s ouvre de beauté.

Arrive à bon port, il est 6 heures du mat. Le ciel est gris et fait vite oublier le bleu éclatant des précédents jours. Le thermomètre se courbe en dessous des 12 degrés Celsius. La brume marine, gonflée a l iode prédatrice, étouffe les bruits environnant. C est inquiétant.

Le rapide petit déjeuner et les quelques instructions de Jacky, le parrain du coin de par l emprise qu’il a sur les monstres locaux, ne suffisent pas a calmer mon excitation.

Il est temps de continuer vers la cote. Celle-ci est consistante avec l environnement décrit plus haut. Inquiétante. Un panneau signale fermement qu’il est strictement interdit de nager. Courants ou dents de la mer ?

Les 4 bateaux qui attendent la barbaque humaine sont tous constitues d une cage.

Nous sommes sur le point d’aller danser avec le requin blanc.

Avec moi, quelques frigo a viandes, américains et tatoués pour la plupart. Les paroles se font rares. On réfléchit avec sagesse sur la stupidité de ce que nous allons faire dans quelques dizaines de minutes.

L océan est d un sombre abyssale, même a sa surface qui n est hélas, que quelques fois éclairée par les allées et venues des forets d algues marines.

Il est 7 h du mat. Le navire se met en marche.

La navigation ne s effectue pas les yeux rivées sur cette épaisse nappe de brouillard, ou sur ces vagues qui gondolent le noir océan. Mes yeux ne peuvent s empêcher d analyser cette cage dans laquelle je suis censé plonger pour aller voir le pire ami de l homme. Mais putain, ca a l air sacrement fin comme « grillage ». Mais mon dieu, elle n’est pas insonorisée cte cage, il arrive quoi si je beugle comme une otarie. La bébête, elle va m entendre et se ruer sur la nouille que je suis.  

Un brin de soleil laisse entrevoir une pauvre ile dénudée perchée au milieu de l huile, Dyer Island. A sa surface, ca grouille de Pingouins Jackass et de Cape Fur Otaries (presque 50,000 individus !). Tout autour les Capes cormorans s entrainent à perfectionner leur ballet aérien. Elles se chiffrent en milliers. Magnifique.

Dyer Island était autrefois un haut lieu de la culture de « guano », utilisé alors comme fertilisant. Facile comme business au milieu des requins !

Le bateau s arrête. Ca tangue. Beaucoup. Deux sud africains s attèlent a faire descendre la cage dans l eau couleur nuit. Je sens mes os se glacer a entendre les crissements de la chaine. Chaine qui sera notre unique « gilet de sauvetage », super.

Quelques instructions du genre : « Bon vous restez dans la cage la tète hors de l eau. Pas de tubas ou de bouteilles car ca peut effrayer nos amis. Des que je vous dis ok vous plongez. Attention à ne pas tenir la cage avec vos mains. Vos doigts seraient a portées de crocs. (Ha ben Génial, ils vont se faire plaisir à bouffer des « hot doigts »). Ca peut prendre quelques minutes ou quelques heures avant d en voir un. On est ici pour 4 heures, après il fait trop chaud. Si il y un problème, n oubliez pas que je suis le parrain du coin !(c est Jacky qui parle) … »

Ils utilisent une amorce de type diffusif a base de sardines placée a l’arrière du bateau se présentant sous la forme d un sac de pommes de terre, mais également de tètes de thon de 38 kilos (au moins, comme a Marseille) qu’ils ficèlent a une ligne. C est avec celle-ci qu’ils permettent aux blancs de s’approcher de la cage. Ce jour la, a peine la ligne fut lancée, a l’instant même ou ca a fait flop dans la flotte, le monstre a jaillit. Enorme. De nul part il est majestueusement venu se présenter. J en ai pas cru mes yeux. Si vite, si grand, si beau !

C était parti. Et il n y en avait pas qu’un seul. La mer en était infestée. Ce fut un ballet grandiose qui dura prêt de 3h 30.

Une fois dans la cage (mon corps n y croyait pas !), il suffit de calmer les morsures que le froid nous inflige (eau a 8 deg Celsius), de plonger au bon moment et de regarder les missiles vivants danser a quelques centimètres de sa tète. Celui-là fait trois mètres, celui-ci au moins 1 tonne 5. Et ce prince fait surement 4 mètres ! Mais regardes moi la taille de ces dents ! Et t as vu son regard éclair, malin, affame !

Ils apparaissent et disparaissent. Une des rares expériences au monde qui permet a l’homme d être en cage et se laisser regarder par l animal dans son milieu naturel. L industrie du Shark diving fait vivre les locaux. On peut se poser la question de la responsabilité de préservation du requin en tant qu’espèces sauvages.  Ils garantissent en Afrique du Sud que c est durable, que ca permet de dégager des fond pour empêcher la mise des filets anti requins à proximité des plages de baignades. De nombreuses missions scientifiques se greffent à l industrie pour piloter les programmes de recensement et de pistage. On est sensibilisé. Ce sont de belles bêtes. A la canopée de la pyramide alimentaire. Instants magiques, animal magique. Le point négatif de cette affaire c est qu’ils excitent la faim du requin sans que celui-ci puisse répondre de son instinct. Va-t-il y avoir un bousculement psychologique qui aboutirait sur des changements de comportement des requins blancs en Afrique du Sud ? A vos commentaires. Il y a un club de surf à quelques kilomètres du site de plongée. Aux amateurs de surf et dents !

Prochaine aventure, le parapente sur les monts de l Himalaya !

A bientôt,

Le Gats a longues dents